« Dans un monde idéal, on devrait pouvoir dessiner librement » : en Turquie, le combat pour la liberté d'expression se poursuit dix ans après l'attentat qui a frappé Charlie Hebdo.
Le dessinateur turc Ersin Karabulut vient de publier le deuxième tome de son autobiographie, où il aborde, dans le contexte de l'anniversaire de l'attentat, l'évolution de la liberté d'expression en Turquie. Dix ans après les vagues de soutien à Charlie Hebdo, il revient sur les événements marquants et sur la situation actuelle dans son pays.
## Des échos du passé
Le 11 janvier 2015, la France vivait une grande mobilisation en faveur de la liberté d'expression après l'attentat contre Charlie Hebdo. Ersin Karabulut, alors à la tête d'un magazine satirique à Istanbul, raconte comment cette attaque a résonné au-delà des frontières. Dans son ouvrage à paraître en janvier 2025, intitulé "Journal inquiet d'Istanbul", il évoque les effet de cet événement sur la société turque.
## Une nécessité de se positionner
Ersin Karabulut souligne qu’à cette époque, plus qu'un simple acte de terrorisme, la menace provenait surtout du pouvoir de Recep Tayyip Erdoğan. Après l'attentat, les différents magazines de bande dessinée turcs ont décidé de se rassembler pour soutenir la liberté d'expression. Ils ont ainsi publié la célèbre couverture « je suis Charlie », un acte audacieux dans un pays aux valeurs conservatrices.
## Un parcours menacé par la censure
Aujourd'hui, le dessinateur continue d'exprimer son souhait de pouvoir tout dessiner. Il déclare que la réalité de la Turquie est bien différente, notamment à cause des menaces et de l'autocensure grandissante. Pour lui, les réseaux sociaux ont fait de nombreux artistes des cibles. Il s'inquiète de la direction que prend la liberté d'expression dans son pays, où il ressent la pression de l'autocensure au quotidien.
## L’album introuvable en Turquie
Malgré la gravité de la situation et des menaces qu'il reçoit, Ersin Karabulut observe avec nostalgie son travail passé. Il note que certains dessins d'il y a dix ans, publiés avant l'affermissement du pouvoir d'Erdogan, semblent aujourd'hui impensables. Son album, "Journal inquiet d'Istanbul", ne peut même pas être publié en Turquie, soulignant la dégradation de la liberté d'expression dans son pays depuis une décennie.
L'artiste met en garde contre l'auto-censure, qui peut mener à une absence totale de liberté d'expression si elle s'étend.
## Une voix persistante pour la liberté
Ainsi, l'œuvre d'Ersin Karabulut témoigne d'une lutte pour la liberté d'expression qui persiste en Turquie, напомнить, et l'artiste souhaite continuer à dessiner, même dans un contexte aussi difficile.